« L’enseveli » par Valérie Paturaud

18 novembre 2025

Une main portant chevalière dépasse d’un amas de terre laissé par un déluge d’obus, tout près de la ligne de front. En se repliant, un poilu, moins gravement amoché et n’écoutant que son cœur, dégage un corps enseveli, gémissant, inconscient et méconnaissable, la tête en charpie.

Les deux infortunés se retrouvent à l’hôpital de campagne, sur deux couches voisines. Abel le « sauveteur », bouleversé par l’état d’Adrien « l’enseveli », ne cherche pas à se faire reconnaître lorsqu’Adrien revient à lui petit à petit au fil des mois ; mais tout en discrétion et en délicatesse, il s’emploie à adoucir le sort d’Adrien, par de petites attentions et en égrenant des notes de l’harmonica qui ne l’a jamais quitté. Au cours de cette longue séquence d’immobilisme, une amitié profonde naît entre ces deux hommes, a priori si différents par leur d’origine sociale et leur culture.

On s’achemine vers les guérisons et on se sépare en quittant l’hôpital chacun de son côté. Puis l’armistice est signé. Alors surgissent de nouveaux défis. Pour Abel : reprendre ou non son militantisme syndical et sa lutte des classes d’avant-guerre ? Pour Adrien, d’abord et avant tout, la recherche éperdue d’Abel dont il vient d’apprendre qu’il avait été son sauveteur : pourront-ils se retrouver et cultiver leur merveilleuse amitié ? Pour la famille d’Adrien, les retrouvailles après quatre années de séparation : l’épouse, l’enfant, la mère d’Adrien pourront-elles sublimer la métamorphose d’Adrien et restaurer l’amour d’autrefois ?

Ce roman de Valérie Paturaud se lit la gorge serrée tant il touche au plus profond de notre humanité. Au-delà du récit poignant de l’horreur des tranchées et de l’inimaginable détresse des « gueules cassées », il exalte les valeurs de solidarité et d’altruisme et nous fait vivre, avec une infinie sensibilité, de bouleversantes relations d’amitié et d’amour.

Virginie Richard, le 14 novembre 2025

Retrouvez Valérie Paturaud en rencontre samedi à 17h15, à l’Ancienne Poste